QUI ES-TU ? D’OU VIENS-TU ? QUEL EST TON METIER ?
Je porte deux noms de villes : Florence ZARAGOZA. Que je n’ai jamais visitées.
Normande d’origine, je n’ai peur que d’une chose : « que le ciel me tombe sur la tête ! ». Ce qui tombe bien, puisque je n’aime pas l’avion et que je préfère garder les pieds sur terre. Sur elle au moins, je suis ancrée !
Alors j’ai trouvé mon évasion dans l’animation socio-culturelle où j’ai pu développer mon savoir-faire et m’enrichir auprès de différents publics.
Je suis donc une « touche à tout » : je peins, je dessine, je tisse, je bidouille. Tant que mes mains s’activent, j’adore.
Le théâtre fait également parti de ma formation. Plus jeune, j’ai créé des spectacles pour enfants et je n’ai jamais cessé de l’enseigner auprès des enfants et des ados. Je serai toujours émerveillée par leurs capacités à inventer et à imaginer. Et tant que je peux susciter en eux l’envie de se dépasser, j’adore.
L’imagination et la créativité ont toujours été mes guides. C’est ma manière à moi de voyager.
Et puis en 2016, ma vie a complètement basculé : j’ai rencontré la mort ! Hic !
Le truc incroyable, le truc de malade, comme on dit !
Pour le coup, le ciel m’est tombé sur la tête. Aïe !
Et puis, quand la grande faucheuse est arrivée et que j’ai endossé ma parure de veuve endeuillée, il m’a fallu me reconstruire et réinventer ma vie.
Ça a été la grande remise en question de ma vie. La mort nous apprend ça !
Mais surtout, je m’interrogeais sur ce combat mené de front pour se faire entendre. J’était sidérée de voir combien le tabou pesait sur la mort et que personne ne semblait vouloir l’évoquer, surtout dans le milieu médical.
Comme je ne suis pas de nature à me laisser abattre, j’ai commencé à lire sur le sujet afin d’obtenir des réponses. Et toutes avaient du sens pour moi. J’ai donc entrepris de créer une conférence gesticulée sur le sujet : « En attendant la mort ». Pour apporter mon témoignage parmi tant d’autres et tenter d’éveiller les consciences sur ce thème.
Toujours pendant que je menais ma petite enquête, il se trouve qu’un jour dans mon village, allait se tenir un « Café Mortel »…. Piquée par la curiosité, j’y suis allée pour voir de quoi il en retournait. Le truc incroyable et pile-poil ! Il se trouve qu’il s’agissait des démarrages de « Syprès ». Le truc encore plus dingue, c’est que je connaissais Olivier à l’époque où il faisait ses études avec l’une de mes amies et que je n’avais pas revue depuis….. 15 ans ! Ah ! La vie !
Le temps a passé et j’ai écouté ce que mon cœur me dictait. A savoir : de se réapproprier sa mort. Elle nous appartient.
Sauf que nous avons perdu les gestes, les rituels, les mots. TOUT !
Alors je me suis formée au métier de « Célébrante de Vie » pour célébrer dignement toutes les étapes de la vie. Et pour compléter ma formation, je suis également « Conseillère funéraire ».
Aujourd’hui je célèbre autant que je peux avec ceux qui le souhaitent ou qui éprouvent le besoin de faire une cérémonie pour marquer les étapes, les transitions, avec joie et bonheur. Après tout, la vie il faut en profiter à mort ! Y’a plus qu’à inventer et imaginer ce qui nous fait du bien, ce qui nous fait avancer.
QUELLE EST TON IMPLICATION DANS SYPRES ?
J’ai tout de suite trouvé l’idée de faire changer les regards face à la mort et de proposer des obsèques autres que ce qui se fait sur le marché intéressant.
Aussi, je participe autant que je peux au LAB pour mener la réflexion.
Ça foisonne, ça réfléchit, ça pense… Mais ce qui est important c’est que ça se construit ensemble, petit à petit.
Ça grouille d’idées, d’envies, de rêves de faire autrement. On y rencontre des gens tous horizons avec chacun ses histoires.
En bref, on baigne dans l’humanité et le respect !
Et je m’investis également sur le projet collectif « Osons Les Derniers Jours Heureux » proposé par Syprès et le Pôle ressources de Captieux. L’idée étant toujours de faire bouger les lignes et de rassembler autour de la table les professionnels liés à la mort et/ou toutes autres personnes qui se sentent concernées par la question de près ou de loin.
Et puis depuis quelques mois, je fais partie de l’équipe de célébrants de la coopérative.
J’en suis fière parce que nous partageons les mêmes valeurs de proposer des funérailles dignes et respectueuses. Tant pour le défunt que pour les familles. Et celles-ci nous sont souvent reconnaissantes d’avoir respecter le défunt ou d’apporter une vision plus juste ou plus douce malgré les circonstances.
Cela demande du temps, de l’écoute et de l’énergie lors des entretiens et pendant tout le temps des obsèques.
Après une cérémonie, je suis vidée, mais c’est tellement important que cela puisse se faire, dans la simplicité et la sincérité.
C’est surprenant d’observer dans le regard des gens le moment où, ça y est, ils ont passé l’étape. Il y a comme un soulagement en eux. D’ailleurs parfois j’entends des phrases comme « Ça y est, on l’a fait ! ». Ça me touche tellement et je souris intérieurement à l’idée que j’ai pu faciliter le passage.
Ah aussi j’ai eu la chance de participer à la saison 2 du podcast « À la vie, à la mort » soutenu par Syprès. J’y raconte l’histoire de mon mari comédien qui s’est battu contre la maladie.
CE QUI TE PLAIT DANS LA DEMARCHE ?
La mort concerne tout le monde un jour où l’autre. Quoiqu’il arrive, quoiqu’il se passe. C’est comme ça ! Et on n’y peut rien !
Et chacun tirera des enseignements personnels de cette expérience dont l’histoire ne se répètera jamais. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, on ne s’ennuie pas avec la mort !
Alors que l’on soit savant, spécialiste, professionnel, accompagnant, aidant ou tout simplement, nous, il n’y a rien de plus beau que de mettre en commun nos forces pour tenter d’améliorer et d’apporter un autre regard sur ce qui fait peur.
Le sujet est tellement vaste qu’il y a de la place pour tout le monde. Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.
L’idée est bien d’apporter de la lumière et pas de faire d’ombre. Ou en tout cas d’éclairer certaine partie de cette obscurité. Tout comme de s’ouvrir et de ne pas s’enfermer dans ce que l’on croit savoir.