Lorsque nous avons ouvert la coopérative et démarré le service funéraire, l’impact environnemental était au cœur de nos préoccupations et les valeurs écologiques faisaient partie de la Raison d’être de Syprès. A ce moment-là, plusieurs questions nous semblaient essentielles :
Quelles sont les pratiques écologiques dans le secteur funéraire ? Existent-t-elles vraiment et si oui, sous quelles formes ? Où pouvons-nous réduire notre impact ? S’agit-il d’engagements profonds ou à la marge ? Faut-il considérer des coûts supplémentaires, peut-on les éviter ?
Quelles sont les caractéristiques de funérailles écologiques ? Est-ce qu’il s’agit seulement de la question de notre impact lors des obsèques ? Avons-nous d’autres dimensions à prendre en compte : aménagement de nos lieux de sépulture, notre rapport au vivant, voire pour certain.e.s, une dimension spirituelle ?
Nous avons eu la chance de rencontrer Manon Moncoq qui rédige une thèse sur le sujet des funérailles écologiques. Ses travaux ont soutenu notre réflexion dans le développement de nos offres de services afin qu’ils répondent à des exigences écologiques précises. Car, à bien considérer les habitudes du secteur funéraire, les pratiques écologiques sont plutôt à la marge et ce sont souvent les mêmes exemples qui sont cités : cimetière écologique de Souché à Niort, forêt cinéraire d’Arbas, urnes à planter avec une graine d’arbre ou encore cercueils en carton ou en champignons. Ces pratiques restent encore à généraliser.
Nous devons également souligner les démarches de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) des opérateurs funéraires qui ont le mérite de faire évoluer le secteur très standardisé. Plusieurs initiatives ont vu le jour du côté des Pompes Funèbres Intercommunales de la ville de Paris, elles se sont engagées en 2008, dans le cadre du plan d’action de l’Agenda 21, dans un processus de certification de la norme 14001 pour leurs activités. En outre, à l’initiative de l’Union des Pompes Funèbres Publiques, un label RSE pour le funéraire est en cours de développement.
A Syprès, concrètement, nous développons des services en intégrant la dimension écologique autour de ces 3 points : le repos du corps, les articles et fournitures, et la sépulture.

Tout d’abord, nous souhaitons limiter les soins de conservation du corps. Ces soins consistent à remplacer les liquides par des produits de conservation qui sont fortement toxiques. En France, un défunt sur deux a des soins de cet ordre – seulement 5 % des défunts en reçoivent à Syprès. Ces produits se retrouvent dans les sols avec l’inhumation, ou dans l’air avec la crémation. Lors de notre accompagnement des familles, nous informons des pratiques de repos du corps afin de limiter son utilisation. La plupart du temps ils choisissent de laisser leur défunt en cellule réfrigérée. Il est possible aussi de réserver sur une journée ou demi-journée avant la mise en bière un salon funéraire pour un temps plus long de recueillement. Plus rarement, le corps peut être exposé de manière permanente en salon funéraire, dans ce cas ils reçoivent des soins de conservation. Le choix de limiter l’exposition du corps est moins onéreux pour les familles et lorsque le repos du corps se fait à l’hôpital, le coût est assumé par ce dernier les trois premiers jours, car c’est un service public !
Ensuite, nous avons cherché à limiter notre impact au niveau des articles et des fournitures. D’abord, le cercueil sont tous écoresponsables : les urnes sont fabriquées par des artisans locaux et les cercueils sont en carton ou en bois non traité. Il est difficile de dire si le cercueil en carton est plus écologique que celui en bois. Le premier est produit en papier recyclé en petite quantité (la filière est encore peu industrialisée faute de demande), pour le second, nous avons fait le choix de cercueil en bois non vernis, fabriqué en Dordogne. Sur une soixantaine de cercueil en catalogue, nous en avons retenu sept en prenant en compte les critères écologiques et nous proposons aux familles qui le souhaitent, de remplacer le capiton par un drap ou un tissu.
La question des fleurs est également centrale lors des funérailles. Les invités veulent contribuer à ce moment, et souvent, c’est avec des fleurs. La majorité des pompes funèbres sont affiliées à des grands groupes ou des centrales d’achat en lien avec des réseaux de fleuristes qui proposent des compositions d’un monde globalisé livrables sur toute la France. A Syprès nous avons fait le choix de privilégier les fleuristes indépendants qui travaillent en priorité avec des fleurs locales et de saison. Nous avons aussi privilégié la qualité du travail artisanal : la qualité et l’originalité des compositions.

Enfin, les caveaux funéraires surmontés de monuments en granit sont parmi les éléments les plus polluants des fournitures funéraires : produire une cuve en ciment, effectuer un creusement et faire venir du granit du monde entier (Chine, Inde, Afrique du Sud…). L’impact est moindre lorsqu’il s’agit d’un caveau familial très ancien et il est toujours possible de solliciter du granit du Tarn (gris moucheté) ou de Bretagne (rose moucheté), mais ces matériaux ne sont pas toujours proposés ou alors fortement dilués dans les catalogues des marbriers. L’inhumation en pleine terre est le procédé le plus écologique – et ce même en comparaison avec la crémation. Nous offrons depuis peu la possibilité de réaliser une tombe paysagère. Un petit jardin sera bien moins onéreux qu’un monument.
Ce sont ces trois aspects que nous mettons en œuvre pour réduire dès maintenant notre impact environnemental. De plus, nous réalisons les trajets en vélo pour les nombreuses démarches administratives indispensables aux obsèques. Lorsque les trajets sont trop éloignés pour nos « petites jambes », nous réservons une Citiz (Citiz ce sont des voitures en autopartage – pour une voiture partagée, ce sont 9 voitures en moins sur la voie publique !)
A Syprès, nous tentons de répondre au mieux aux sollicitations de funérailles en communion avec la nature : cimetière naturel, paysager ou écologique, forêt cinéraire ou dispersion en mer, en rivière ou en pleine nature, les aspirations à retrouver un lien avec ce qui nous entoure sont importantes.
Comme le souligne Manon Moncoq « la religion occupe une part moins importante dans les funérailles et on ne sait plus quel sens donner à la mort ». Les obsèques écologiques « apportent ce nouveau sens ; le corps, en nourrissant la terre et les végétaux, devient utile à la nature pour la remercier de ce qu’elle nous a donné durant notre vie. On ne meurt plus totalement, en étant réintroduit dans le cycle de la vie ».